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Reportage «Je ne reviendrai jamais à la monoballe»

Jean-Marc Roëlens et ses fils, éleveurs laitiers en Normandie, entreposent depuis trois ans leurs balles carrées d'enrubannage dans un silo-couloir.

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ALIMENTATION SIMPLIFIÉE Chaque année, Jean-Marc Roëlens et ses fils Alexandre (sur la photo) et Jérôme ensilent 250 balles carrées d'enrubannage que les élèves consomment durant l'hiver.

 

RAPIDE «Mes jeunes bêtes sont nourries uniquement avec l'enrubannage et un complément minéral. Je recharge l'auge tous les trois jours avec une nouvelle botte», explique Jean-Marc Roëlens.

«Chez nous, il n'est pas toujours facile de réussir son foin, alors je récolte ma première et ma troisième coupe d'herbe en enrubannage. Je conserve les grosses balles empilées en les recouvrant hermétiquement d'une bâche à ensilage», explique Jean-Marc Roëlens. Agriculteur à Campigny, dans l'Eure, avec 70 vaches laitières, il apprécie la simplicité de son chantier et la facilité de reprise.

Après quelques essais d'adhérents de son groupe lait, Jean-Marc Roëlens décide d'expérimenter lui-même cette méthode. «La première fois, c'était à la suite de la possibilité donnée par la Pac de récolter mes surfaces en jachère. Je souhaitais trouver une technique simple qui me permette de conserver mon autonomie dans mon chantier», se rappelle-t-il. Depuis, il fonctionne de cette manière sur le reste de ses herbages, mais souligne qu'il cherche toujours à améliorer sa reprise et sa conservation.

Organiser le chantier

 

Comme pour un enrubannage classique, la coupe est suivie de deux passages de faneuse sur trois jours. Le quatrième jour, en début d'après-midi, l'herbe est mise en andains. En trois heures, il effectue le pressage de 11 hectares. Chaque botte de dimension 1,2 × 0,7 × 2,05 m pèse près de 550 kg. La centaine de balles est ensuite ramassée, chargée sur une remorque porte-chars et ramenée dans la soirée. «Le dernier jour, on essaie de profiter au maximum du soleil, alors il est trop tard le soir pour constituer la meule. Nous ramenons toutes les balles et je commence le lendemain. Le rangement de la meule est assez délicat, car il faut veiller à bien tasser les bottes sinon des poches d'air entraîneront des moisissures», ajoute Jean-Marc Roëlens.

 

Le fond d'attaque du silo est constitué de quinze bottes: cinq en largeur et trois en hauteur. La longueur de la balle est ajustée sur la presse de manière à ce que la meule soit tassée dans le sens de la largeur. Pour 10 mètres de largeur de silo, la longueur des balles est de 2,05 mètres.

Du côté de la couverture du tas, deux bâches sont disposées de chaque côté des murs pour pouvoir les rabattre en portefeuille à la fin. Deux autres bâches seront mises par-dessus. L'une d'elles est neuve et l'autre, en sécurité, est d'occasion. A un bout, la bâche est prise entre un mur de fond et les balles, et de l'autre, le silo se termine en escalier. Des bottes de paille calent les bâches dans les marches. Il faut solidement lester la bâche pour empêcher les poches d'air ou le soulèvement par le vent. Comme pour un ensilage classique, dès que l'oxygène s'introduit à la suite d'une perforation, il peut se produire une détérioration considérable.

Planifier la reprise

«A la fin d'avril ou au début de mai, j'effectue une première coupe, une deuxième est réalisée à la fin de juillet en foin, puis une troisième en enrubannage vers le 15 septembre. Les deux coupes d'enrubannage sont mises bout à bout. Le silo reste fermé environ trois semaines durant lesquelles il va fermenter. Aussitôt après, je peux ouvrir pour la distribution», commente-t-il. Chose faite pour la deuxième coupe d'enrubannage qui correspond à sa date de retour des premières bêtes.

Il utilise cette méthode exclusivement pour ses jeunes élèves mâles et femelles confondus. Il est encore réservé pour nourrir ses vaches avec ce fourrage, car la détérioration commence aussitôt la pile entamée.

Une solution écologique

La vitesse de détérioration varie selon la température et la vitesse de reprise. «Tôt ou tard, la moisissure apparaît à la surface des balles. Il faut planifier la consommation et calculer la dimension des piles de façon à ce que, une fois entamées, elles soient complètement utilisées en moins d'une semaine», précise Jean-Marc Roëlens. De plus, il réfléchit encore pour reprendre sa première coupe en premier. Autrement, la reprise des bottes se réalise avec le chargeur télescopique comme une botte normale.

«La jeune génération de mes fils est sensible au respect de l'environnement, confie Jean-Marc Roëlens. C'est pourquoi nous préférons employer une simple bâche au lieu d'une quantité monstre de film de polyéthylène. Le système d'enrubannage de balles multiples utilise moins de plastique et permet d'envelopper les balles plus rapidement, ce qui amène une réduction des coûts d'exploitation. Si on fait le compte seulement pour le plastique, le Gaec fait une économie d'environ 1,10 € par botte.

 

Un investissement raisonné

Après l'installation du fils Alexandre, le Gaec de la Licorne doit valoriser 22 hectares d'herbe en terrain pentu dont l'accessibilité se trouve réduite. «Nous ne pouvions pas organiser un chantier d'ensilage sur ces parcelles», remarquent les associés. Ils décident alors d'acheter une presse à haute densité qui remplacera leur vieille presse à balles rondes. Un investissement réfléchi car elle leur servira pour la paille, le foin et l'enrubannage. Cette machine polyvalente sera rentabilisée tout au long de l'année.

 

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